Lyon de notre correspondant
La socialiste Martine David est de ces députés qui se démènent pour que la négation du génocide arménien soit passible de sanctions. C'est même sa principale cause. Pourquoi ? Elle le confie sans fard : «Parce que je suis élue d'un territoire où la communauté arménienne est très importante.» Sa circonscription de la banlieue est de Lyon compte notamment Décines-Charpieu, une ville que l'on appelle «la petite Arménie». Cette cité ouvrière compte encore 15 % d'habitants d'origine arménienne. Et son histoire raconte comment cette communauté s'est organisée progressivement, jusqu'à mener un lobbying très efficace en France et en Europe.
Camp grec. En 1922, Décines n'était qu'un village lorsque des patrons lyonnais ont décidé d'y installer une très grande usine de textiles artificiels. «Comme ils se méfiaient des ouvriers lyonnais, contaminés par le syndicalisme, ils sont allés chercher des travailleurs arméniens, dans des camps de réfugiés», raconte Philippe Videlier, politologue et auteur d'un livre instructif sur Décines (1). Un émissaire est allé choisir des dizaines de rescapés dans un camp grec. Ils ont peuplé la nouvelle cité ouvrière avant d'être rejoints pas des centaines d'autres Arméniens, parce qu'il y avait là du travail et des compatriotes. Dans les années 30, la ville comptait déjà 5 000 habitants, dont 1 500 Arméniens. «Cette communauté, note Martine David, s'est brillamment intégrée dans tous les secteurs, tout en transmettant sur quatre