La bataille d'Arménie aura-t-elle lieu ? Ce matin, un sujet ultrasensible vient à l'agenda des députés : une proposition de loi déposée par le groupe PS visant à rendre passible de prison la négation du génocide arménien. Fait exceptionnel pour un texte d'origine parlementaire, le débat sera présidé par Jean-Louis Debré en personne, le très chiraquien président de l'Assemblée, qui ne veut pas entendre parler de ce projet. A l'UMP comme au PS, le dossier divise profondément les élus. En s'installant au perchoir, Debré se donne le moyen de faire pencher la balance. Par exemple en donnant son feu vert à d'éventuelles manoeuvres d'obstruction.
Electorat. Comme les autres lois «mémorielles», le texte sur le génocide arménien est critiqué par la grande majorité des historiens français (1). Comme eux, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, estime que le Parlement ne doit pas légiférer sur l'Histoire, surtout après la polémique autour du «rôle positif» de la colonisation. Il rappelle le point de vue d'intellectuels turcs pour qui seule une évolution progressive aidera la Turquie à affronter son passé génocidaire. Mais Ayrault a dû se plier à la décision rendue par François Hollande. Le numéro 1 du PS cherche depuis deux ans à s'attirer les faveurs de l'électorat arménien, évalué à quelque 500 000 personnes concentrées pour l'essentiel en Ile-de-France, Rhône-Alpes et Paca.
En 2001, le Parlement français avait franchi une première étape en reconnaissant le génocide arménien