Faut-il s'allier avec l'UDF ? Au sein du PS, la question est posée. Bernard Kouchner comme le maire de Lyon, Gérard Collomb, y sont favorables, alors que Julien Dray, proche de Ségolène Royal, estime que «tout est ouvert», même si «à ce stade», ce n'était pas envisageable. Henri Emmanuelli, dirigeant du NPS, s'y oppose vivement. Entretien.
Bayrou s'est dit prêt à «travailler avec des gens différents» de lui. Que lui répondez-vous ?
Ce discours ne m'a pas surpris. C'est la vieille tentation, récurrente, de la politique de «troisième force», c'est-à-dire l'alliance entre le centre gauche et le centre droit, laissant les extrêmes dans l'opposition. Elle a connu ses heures de gloire sous la IVe République. A l'époque, de grandes municipalités comme Marseille ou Toulouse ont été conquises par la SFIO grâce à cette formule. Cette tentation a toujours été plus ou moins présente dans ce qu'on appelle la deuxième gauche. Sa version moderne, que j'ai appelée le «social-libéralisme», s'en accommoderait sans doute aussi. Sur un autre plan, elle correspond à la tentation, elle aussi récurrente, du fameux «gouvernement d'union nationale». Antérieurement, on retrouve le vieux rêve saint-simonien, du «ah, si ceux qui "savaient'' se rassemblaient pour gouverner», prolongé par le «cercle de la raison» théorisé par Alain Minc.
Pourtant, certains socialistes y pensent...
Lors de son congrès d'Epinay, en 1971, le PS s'est inscrit en franche rupture avec cette ligne-là, au profit d'une stratégie de rassemblement de toute la gauche contre la droite, qui a débouché sur l'alternance de 1981. Depuis, le PS n'a pas changé de stratégie et