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Libération
TRIBUNE

Un kidnapping sarkozien

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Puisse l'affaire Battisti tirer des oubliettes le cas d'un autre Italien extradé: Paolo Persichetti.
par Daniel Bensaïd, enseignant en philosophie, université de Paris-VIII et Gilles PERRAULT, écrivain.
publié le 19 mai 2006 à 21h17

La publication de Ma Cavale de Cesare Battisti, préfacé par Bernard-Henri Lévy, relance la controverse sur le sort des réfugiés italiens en France. Certains chroniqueurs se piquent à cette occasion de refaire le procès et de jouer les procureurs. Solidaires de Battisti dans son échappée, tel n'est pas notre propos. La décision d'extrader Battisti, condamné en Italie in absentia, rompt la parole donnée au nom de l'Etat français par un président et un Premier ministre en exercice.

Le 20 avril 1985, François Mitterrand avait écrit à la Ligue des droits de l'homme : «J'ai dit au gouvernement italien que ces Italiens étaient à l'abri de toute sanction par voie d'extradition.» Le 4 mars 1998, Lionel Jospin, alors Premier ministre, confirmait cette «doctrine Mitterrand» : «Mon gouvernement n'a pas l'intention de modifier l'attitude qui a été celle de la France jusqu'à présent. C'est pourquoi il n'a fait et ne fera pas droit à aucune demande d'extradition d'un des ressortissants italiens qui sont venus chez nous à la suite d'actes de nature violente d'inspiration politique réprimés dans leur pays.» Confiants dans cette parole donnée au nom de la France, plusieurs dizaines de réfugiés ont reconstruit leur vie au grand jour. C'est cette confiance qui est aujourd'hui bafouée, fragilisant plusieurs dizaines de personnes contre lesquelles, depuis leur arrivée dans ce pays, aucun grief n'a été établi.

On a pu lire dans la presse, à l'occasion de la parution du livre de Battisti, que l'engag