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Vingt-cinq caméras seront braquées sur les pelouses de la coupe du monde 2006, du jamais vu. Les réalisateurs télé filment désormais le foot avec les codes du cinéma: il y a le beau gosse, celui qui souffre, l'instant où la balle va au fond des filets...
publié le 27 mai 2006 à 21h21

Sans Ernest Chamond, Zidane ne serait rien, nibe, que dalle, oualou. Sans Ernest Chamond, c'est le championnat de billes que s'arracheraient Canal + et TF1 à coups de milliasses d'euros. Car, un beau jour de 1927, alors qu'il assistait à un match de foot à Londres, Ernest, patron de la Compagnie des compteurs de Montrouge qui inventa le téléviseur, eut une illumination : le foot deviendra le plus grand spectacle télévisé. Près de quatre-vingts années plus tard, la prédiction du grand chaman Chamond s'est vérifiée : 25 caméras filmeront le coup d'envoi de la Coupe du monde 2006, le 9 juin à Munich, du jamais vu. Quoi, hurlez-vous, tout ça pour des milliardaires atrophiés du bulbe courant après une baballe ? Pas seulement : plus qu'un sport, aujourd'hui, le foot c'est tout un film.

JURASSIC FOOT

A l'âge du crétacé, déjà, le FC Dinosaures rencontrait l'Ajax Ornithorynques pour un match endiablé avec une baballe carrée en silex et... Pouf pouf, bon, sans convoquer les dinosaures, les premières images de foot remontent à 1910 dans les actualités cinématographiques. Enfin, de foot, pas exactement, explique Charles Tesson, enseignant en cinéma à Paris III et spécialiste du filmage de ballon rond : «A l'époque, on ne s'intéressait pas au match ni au résultat, mais à la foule, aux gens qui étaient là.» Et, quand la caméra commence à se pencher sur le jeu, elle va à l'essentiel et se place derrière le filet pour filmer le ballon dans le but. Dans les années 20-30, poursuit Tesson, «on décale la camé