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Libération
Reportage

L 'ours, le berger et la bergère

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Catherine, 165 brebis, considère que l'ours a toute sa place dans les Pyrénées. Elle partage sa vie et son métier avec Arsène, opposant au plantigrade.
publié le 1er juin 2006 à 21h39

«Il est passé juste là, au-dessus du muret, derrière la cabane. Il a aussi ravagé les ruches de Dominique, plus bas, à Embessal. Mais bon...» Catherine Brunet enfile ses sabots de jardin et remonte ses lunettes sur le nez. Plus que l'ours, c'est le gypaète barbu qui l'ennuie : «Pas moyen d'avoir une basse-cour avec ce rapace-là. Il bouffe tout, les poussins et les canetons. Faut construire un poulailler.» L'éleveuse de brebis est frustrée de ne pas pouvoir élever de la volaille. Elle se baisse sur son semis de radis pour y arracher une mauvaise herbe. Elle se relève, la main gauche sur les reins, l'autre qui décrit un arc de cercle montant vers les chênes, puis les mélèzes, puis les rhododendrons sur les alpages des sommets : «Et pourquoi est-ce qu'il n'aurait pas sa place, l'ours, dans toute cette montagne ?»

Siguer, village encaissé à 1 000 mètres d'altitude sous le pic du Taïchou. Des pieds de tomates dans le potager de Catherine et une maison de bois posée au-dessus de la bergerie, seule construction habitée du hameau des Centraus. «On y a un peu d'eau chaude, l'été. Quand le soleil tape sur le tuyau noir qui arrive de la source.» L'hiver, c'est le poêle à bois qui fait l'affaire. Arsène, son compagnon, rentre les165 bêtes pour la dernière vaccination avant la transhumance. Il rit : «Le matin en janvier, il fait ­ 10 °C ici.» Elle lève les yeux au ciel : «Y a que trois mois de neige et puis c'est le printemps...» D'ailleurs, un pétunia a déjà mis ses fleurs sur la terrass