Avec son sourire et sa petite veste cintrée, elle s'engouffre dans l'hôtel de ville d'Orchies, en avance sur l'heure prévue. «Ah ? C'était elle Ségolène Royal ? Ben, si je l'avais croisée dans la rue, je l'aurais pas reconnue», dit Carole, ouvrière au chômage. C'était vendredi, jour de marché, à Orchies sur la grand-place, entre les fleurs et les étals de fromage. L'élue socialiste est venue inaugurer une place, poser la première pierre d'une zone d'activités.
A Orchies puis à Lille, la socialiste préférée des sondages veut aussi rencontrer les militants du Nord, troisième fédération du PS avec près de 11 000 militants. L'accueil sera mitigé : enthousiaste chez les seniors, qui l'ovationnent à Orchies, et critique, dans la soirée à Lille, où les plus jeunes n'ont pas digéré le virage sécuritaire. L'ancien maire Pierre Mauroy la félicite de débarrasser les socialistes de leur «image laxiste en matière de sécurité», tandis que Martine Aubry, l'actuel le maire de Lille souligne qu'«on ne peut pas régler les problèmes des jeunes en les mettant dans des centres militarisés».
«Fayotte». «Elle, son fromage préféré, ça doit être du Hollande», pouffe Philippe, sur le marché d'Orchies. Il a pris un jour de congé «pour lui faire la bise». Carole : «Il paraît qu'elle fait des trucs bien : elle veut faire retourner les garçons à l'armée.» Une grande blonde, aide-cuisinière, hausse les épaules : «Pfff, elle est venue faire sa fayotte. Mais elle changera pas le monde à Orchi