Il est 0 h 25. Florence n'arrive pas à s'endormir : allongée dans cette couchette seconde classe, elle ne peut s'empêcher de replonger sept mois en arrière, où, dans ce même compartiment, elle allait tomber sur le grand amour. «On fait pas mal de rencontres dans les trains de nuit, estime cette infirmière de 21 ans, au décolleté joliment abondant. C'était en décembre dernier. Comme moi, il occupait la couchette du milieu. Tout en lisant, on se jetait des coups d'oeil. Finalement, on est sortis du compartiment pour parler jusqu'à ce que l'on descende à Embrun tous les deux. Ainsi a démarré notre histoire qui a pris fin il y a dix jours.» Depuis la rupture, c'est la première fois que la jeune femme remonte sur le Paris-Briançon. La dernière ligne SNCF qui, pendant onze heures, véhicule quatre classes : sièges inclinables, couchette seconde avec six lits, couchette première avec quatre lits, et les wagons-lits à qui le trajet dira adieu en décembre prochain. Ensuite, c'est probablement le tronçon Valence-Briançon qui fera à son tour son au revoir, comme le craignent, malgré les démentis de la SNCF, les usagers, conducteurs, contrôleurs et le député PS des Hautes-Alpes, Joël Giraud : «Il y a cinq ans, la SNCF nous avait dit qu'elle ne supprimerait pas les wagons-lits. Et ils vont disparaître en décembre prochain. On nous dit la même chose pour le train de nuit et, vu la politique qu'elle pratique en matière de train de nuit, on peut s'attendre donc à sa disparition. La direction
Reportage
Couchettes surprise
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par Anne DEGUY
publié le 10 juin 2006 à 21h45
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