Quand un projet de fusion entre deux entreprises est soumis au bon vouloir de députés UMP dont la principale envie est de sanctionner le Premier ministre, que les rumeurs circulent d'un report, voire d'un abandon du rapprochement (lire ci-contre), comment réagit-on ? Officiellement, on réaffirme que rien ne change et on croise les doigts. Ce qu'ont fait Suez et Gaz de France jeudi. Suite aux informations faisant état d'un report de l'examen du projet de loi privatisant GDF, les deux groupes ont publié un communiqué commun dans lequel ils réaffirment que le «seul projet qu'ils portent ensemble est celui d'une fusion totale». Mais, dans la coulisse, on se prépare au pire. Et on envisage un projet alternatif, ne nécessitant pas de recours à la loi.
Selon nos informations, le projet de participations croisées, sur lequel les deux équipes avaient travaillé en début d'année, est revenu sur la table. Concrètement, Suez prendrait 10 à 15 % de GDF, tandis que l'entreprise publique ferait de même dans le capital du groupe franco-belge. Intérêt de la manoeuvre : offrir à Suez une protection capitalistique en cas d'OPA hostile. Un message adressé à Enel. Car le groupe italien, qui avait annoncé en février qu'il rêvait de mettre la main sur Electrabel, la filiale électrique de Suez, est toujours en embuscade.
Mais cette solution ne serait mise en oeuvre que temporairement. «La situation politique est aujourd'hui mal barrée, indique ainsi une source proche des négociations. Les participatio