Le Grand-Quevilly envoyée spéciale
Laurent Fabius doit croire aux signes. Sinon, comment imaginer qu'un soir, devant 2 000 partisans, ce soit le hasard qui conduise sur l'estrade une nouvelle adhérente, prénommée Espoir, à lui déclarer sa flamme. Politique s'entend. Et que deux heures plus tard, ce soit toujours ce fichu hasard qui conduise une autre nouvelle adhérente à venir l'embrasser. Lui expliquant qu'elle l'admire beaucoup et qu'en plus elle s'appelle Victoire. Alors pour continuer à forcer la main au destin, samedi, chez lui, au Grand-Quevilly (Seine-Maritime), Laurent Fabius y a mis du sien. Inaugurant une nouvelle stratégie : fini la discrétion, le genre «le projet reprend mes idées et je n'en tire aucun avantage.» Place à Laurent Fabius, baïonnette à la main.
Premier à en prendre pour son grade, verbalement, Nicolas Sarkozy. Normal, c'est l'adversaire le plus facile à dézinguer. Expédié en trois phrases avec le qualificatif de «Sarkozy, c'est monsieur Supercherie».
Deuxième cible, la candidate à la candidature la plus populaire de France, Ségolène Royal. Jusque-là, les fabiusiens distillaient les petites phrases. Maugréaient en lâchant un «pfff» sonore, les yeux au ciel, les mains ouvertes en signe d'impuissance. Comme le fait encore aujourd'hui d'une manière presque touchante leur chef quand on évoque en sa présence l'aura de Ségolène Royal. Mais depuis samedi, fini l'impuissance. «On combat Sarkozy, et on débat avec Royal», affirme un lieutenant de l'ancien Premier