Dans son réquisitoire contre le supposé laxisme du tribunal des enfants de Bobigny, Nicolas Sarkozy dérape. Après l'attaque verbale du 8 juin il avait estimé qu'il n'était «pas admissible» que ce tribunal n'ait pas «prononcé une seule décision d'emprisonnement» durant les émeutes de novembre , il passe à l'écrit dans un courrier adressé à Jean-Pierre Rosenczveig, président de cette juridiction. «C'est la première fois qu'un ministre de l'Intérieur apostrophe un président de tribunal», commente un juge. «Ces attaques basées sur des informations erronées constituent une atteinte violente et jamais égalée même du temps de Pasqua au principe de la séparation des pouvoirs», poursuit-il.
Qu'ils soient de droite ou de gauche, d'un syndicat ou d'un autre, les magistrats partagent cette analyse. Les deux principaux syndicats et les douze juges des enfants du tribunal de Bobigny ont saisi le Conseil supérieur de la magistrature. «Si le ministre de l'Intérieur est l'auteur de cette lettre, il s'agit de toute évidence d'une violation flagrante du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs», écrit le Syndicat de la magistrature (SM, gauche). «Si c'est le candidat déclaré à l'élection présidentielle, la démarche n'en est pas moins inquiétante de la part de quelqu'un qui aspire à être le gardien des institutions», poursuit le syndicat, qui a également saisi le garde des Sceaux.
Erreurs édifiantes. Le SM relève, point par point, les erreurs du ministre. Nic