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Libération

«Aidants familiaux», des vies dédiées à celle de l'autre

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L'un tombe malade, son parent le soigne. A temps plein. Témoignages sur cette période éprouvante traversée par l'épouse, le mari ou l'enfant.
publié le 3 juillet 2006 à 21h50

Elle a failli tout plaquer. Plusieurs fois, elle s'est dit : «Il faut que je fiche le camp.» Elle a quitté un jour son domicile, a «même traversé la rue», laissant derrière elle son mari, seul avec sa maladie d'Alzheimer. Il avait eu un geste absurde de trop, ou un mot agressif, ou une absence. Mais elle n'est pas allée plus loin. Lison s'est mariée «pour le meilleur et pour le pire». Elle a connu le meilleur «avec quelqu'un de formidable», avec qui elle a eu deux filles. Puis le pire est venu. Elle avait 50 ans, son mari 70 quand il est «retombé en enfance». Elle est restée. «Attachée à un mort vivant.» C'était comme une «dette» à l'égard d'un homme qui avait divorcé pour elle. Un soir, il lui a craché à la figure sa purée. Elle l'a giflé et s'est trouvée «dégueulasse». Lison est ce qu'on appelle un «aidant familial», des femmes à 66 %, qui ne sortent souvent de l'isolement que grâce à des associations comme le réseau France Alzheimer. «On y laisse beaucoup de plumes», dit-elle.

«Seul répit». Josiane est femme de militaire. Elle vit depuis plus de dix ans, à Orléans, avec sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer, comme 600 000 personnes en France âgées de plus de 65 ans. Elle a dû s'habituer à un renversement des rôles. «On avait des rapports mère fille. Avec la maladie, tout s'inverse : j'ai endossé le rôle du parent, et ma mère celui de l'enfant. C'est un peu mon quatriè