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Libération
Interview

«La mémoire est apaisée, on peut passer à l'Histoire»

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publié le 12 juillet 2006 à 21h56

Pour l'historien Vincent Duclert, biographe du capitaine (1), l'armée doit encore reconnaître en Alfred Dreyfus un «modèle d'officier».Les hommages ne manquent pas.

Sont-ils à la mesure de l'événement ?

Beaucoup d'initiatives sont intéressantes. Outre l'exposition parisienne du musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, le musée de Bretagne, à Rennes, a inauguré cette année une exposition permanente, grâce à un don de la famille Dreyfus. Il y a aussi une très belle exposition au musée de la Photographie d'Aurillac, la ville d'Emile Duclaux, grand dreyfusard et vice-président de la Ligue des droits de l'homme. A Aurillac, les gens sont très fiers de cette exposition.

Est-ce suffisant ?

Il faut aller plus loin. En se donnant un musée entièrement consacré à Dreyfus. J'ai suggéré plusieurs emplacements (2) : par exemple une aile du Trocadéro, parce que c'est là, avenue du Président-Wilson, que se trouvait l'appartement de Dreyfus. Le matin du 15 octobre 1894, il a pris congé de sa femme et de ses enfants, ignorant qu'il ne reverrait jamais ce lieu.

Il y a encore très peu de rues Alfred-Dreyfus...

En 1937, la première ville à se donner une rue Dreyfus avait été Crosne (Essonne), où Pierre Dreyfus, fils du capitaine, dirigeait une usine. Il y eut aussi Mulhouse, la même année. A Rennes, il avait été envisagé de baptiser le lycée où fut prononcée la condamnation de 1905. Mais l'opposition était trop vive : on a choisi Zola. Et ce n'est qu'en 1978 qu'une rue bordant le lycée a reçu le