La suppression d'une émission de radio ou de télévision, quel qu'en soit le motif, suscite toujours chez ceux qui l'apprécient irritation et incompréhension. L'expérience montre que, quelle que soit l'exaspération que cette émission peut susciter, elle a toujours un nombre d'auditeurs ou de téléspectateurs fortement attachés à elle et qui vivent alors cette suppression comme une blessure personnelle.
Paul Thibaud, esprit cultivé et libre, faisait partie des auditeurs assidus de l'émission le Premier Pouvoir. Dans Libération du 14 juillet, il exprime sa déception de voir l'émission disparaître de la grille de rentrée. Quoi de plus normal ? Pour le directeur de chaîne que je suis, ces témoignages sont à prendre au sérieux tant ils expriment aussi l'adhésion forte de ses auditeurs à France Culture. Ce qui est plus gênant, c'est lorsque le «décryptage» de la suppression de cette émission conduit à mobiliser à l'encontre de la direction de la chaîne des reproches peu en rapport avec la réalité.
Prenons d'abord l'argument qui sous-tend l'article. Si j'entends bien, l'antenne de France Culture serait porteuse d'une tension, qui parcourt la société française, entre une pensée sociale, figée dans une posture critique et dépourvue de toute préoccupation quant aux projets à venir, et une pensée qui, admettant la complexité du monde, se préoccuperait de projets et d'action. A supposer que cette distinction soit la bonne ce que je ne crois pas , je trouve tout à fait r