Frédéric Laurent, 60 ans, est un des fondateurs de Libération et un ancien conseiller à l'Elysée sous François Mitterrand. Il est l'auteur d'un essai (1) sur la citoyenneté monégasque et son rapport avec la France.
Qu'est-ce qu'un Monégasque ?
D'abord, c'est quelqu'un qui a la nationalité monégasque, qui se transmet par le sang et non le sol. Les femmes perdent leur nationalité si elles épousent un étranger, mais peuvent la retrouver en cas de décès de leur mari. Du coup, les Monégasques ne sont pas très nombreux, 20 % de la population actuelle du rocher. La base, ce sont les vieilles familles : 1 080 habitants lors du traité de 1861. Longtemps, les résidents étrangers n'avaient aucun intérêt à prendre la nationalité monégasque, puisqu'ils bénéficiaient de la même absence de fiscalité directe. Pendant que la population étrangère était multipliée par 23, la population monégasque ne l'était que par 1,6. Pour contrecarrer la tendance, il y eut des naturalisations par le fait du prince.
Il y a de moins en moins de Français.
Avec les Américains, les Français sont (depuis le traité de 1962) les seuls résidents étrangers assujettis à l'impôt dans leur pays d'origine. Ils ne représentent plus que 30 % de la population, contre 56 % au recensement de 1969. Un Français n'a plus aucun intérêt à s'installer là. Avec l'hyperinflation du coût du logement, la population française de Monaco s'est paupérisée. C'est un renversement de tendance incroyable : longtemps, les Français représentaient la bourgeoisie, les Italiens le prolétariat. Aujourd'hui,