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Libération
Saint-Bernard 10 ans

A Dakar, un autre combat

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Madjiguène Cissé a refusé une régularisation solitaire et est rentrée au Sénégal.
publié le 23 août 2006 à 23h01

Mai 1997, au 50e Festival de Cannes, dont elle est l'invitée, Madjiguène Cissé est acclamée par les festivaliers : «Nous, sans-papiers de France, ne sommes pas des clandestins, nous apparaissons au grand jour», proclame-t-elle, une fois de plus. Madjiguène, Sénégalaise, professeur d'allemand, a, de sa main rude, mené tout le mouvement, stupéfiant et intriguant chacun. Trop belle, trop intelligente, trop brillante, trop rieuse...

«Diviser, c'est régner, n'est-ce pas ?» avait-elle balayé, déclinant les offres louches du gouvernement d'une régularisation solitaire. En juillet 2000, Madjiguène Cissé est rentrée chez elle, à Dakar. «Je l'avais décidé, il y a tant à faire ici.» Coordinatrice nationale du Refdaf (1), qu'elle a monté, elle sillonne le Sénégal. La santé, l'hygiène, la prévention, l'alphabétisation, l'informatique, le permis de conduire... «Pour le moment, je suis la seule à conduire, c'est un peu fatigant.» Formation et promotion des femmes, c'est son programme : «Quand, en Afrique, il y aura assez de femmes leaders, les choses changeront.»

Tant à faire, en effet. Un projet de ferme moderne, dans la région de Thies, un projet d'habitat social, «pas des HLM, quelque chose d'original pensé par les femmes et axé sur les énergies renouvelables, grâce au soleil». Des emplacements achetés au grand marché de Dakar pour les femmes du réseau qui y envoient, de Thies ou de Casamance, des produits prisés, poisson séché ou huil