Dans l'histoire de David contre Goliath, c'est toujours le petit qui l'emporte. Le petit, c'est Ababacar Diop, le porte-parole des sans-papiers. Depuis dix ans, il a pris une belle revanche sur la vie et il la fait partager. Grâce au jackpot gagné lors du rachat du nom de son cybercafé vis@vis par Vivendi, il se consacre à son pays, le Sénégal, où il monte des projets d'électricité solaire ou de connexion à l'Internet dans les villages.
Quel souvenir gardez-vous de Saint-Bernard ?
Je me souviens des réunions de famille, des repas que l'on servait tous les jours, des démarches que l'on faisait auprès des députés, des ministres à rencontrer. Et aussi de personnalités comme Jack Lang ou Gilles de Robien. J'ai aussi été ému par la présence de personnalités comme Emmanuelle Béart, venue à l'église s'occuper des enfants et montrer sa solidarité, ou comme l'abbé Pierre. Et tous ces gens formidables qu'on a rencontrés, sans compter les plus nombreux : des citoyens ordinaires, des syndicats, des Verts.
Et le jour de l'évacuation ?
Aujourd'hui, je revois exactement l'église telle qu'elle était à l'époque : le père Coindé qui faisait la messe, le bruit de la hache sur la porte de l'église. C'est surtout ce bruit qui me revient, puis les policiers, les enfants et les mamans qui criaient, c'est une image qui me poursuivra toute ma vie. Je me souviens même de la place exacte de chacun, de mes anciens camarades assis calmement comme on le leur avait indiqué, sans fioritures, sans pleurs, attendant leur destin. Les violences intervenues ne sont pas le fait des sans