Il arrive son portable à la main, en polo clair à rayures, inquiet d'avoir mal garé sa voiture, près du café. «C'est devenu un businessman», rigole Fred, un ancien «soutien» de Saint-Bernard devenu un ami. Mireille, une autre proche, se souvient : «A l'époque, c'était "le petit". Après l'évacuation de l'église, je l'ai vu avec des menottes alors que j'accompagnais un couple au tribunal administratif. Il était entre deux gendarmes. Le monsieur que j'accompagnais s'est exclamé : "C'est un petit de chez nous."» Et c'est resté.
Sadio Nakaté avait 22 ans. Dans l'église, Emmanuelle Béart était son «témoin». Aujourd'hui, il doit réfléchir quelques secondes avant de retrouver le nom de l'actrice. «Elle m'avait appelé en détention et dit de garder le moral.» Malgré un gouvernement de droite «qui n'avait pas de pitié, comme maintenant», Sadio s'est toujours imaginé qu'il allait être régularisé.
Il a eu ses papiers en 1998, après la circulaire Chevènement. Quand il a pu retourner au Mali, il a eu du mal à reconnaître les siens. Les plus petits avaient trop grandi. Aujourd'hui, Sadio Nakaté est français. Naturalisé depuis janvier 2005. «Dès que j'ai eu des papiers, j'y ai pensé. Cela fait plus de garanties qu'une carte de séjour.» L'ancien Malien, dont le séjour en France a d'abord été illégal puis précaire, a eu besoin de se rassurer.
Au moment de sa naturalisation, l'administration française lui a demandé s'il voulai