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Libération
Saint-Bernard 10 ans

Pierre Ottavi «J'ai pris la tête de l'intervention»

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Pierre Ottavi, directeur de la sécurité publique à la préfecture de Police de Paris en 1996 :
publié le 23 août 2006 à 23h02

On s'en doutait depuis la veille au soir. Saint-Bernard allait être évacuée. N'empêche, quand à 7 heures ce 23 août 1996 des cris ont retenti ­ «les flics sont partout ! 80 cars au moins !» ­, la panique s'est emparée de l'église. «Ne courez pas, n'affolez personne !» enjoignent les militants. Mais tout le monde, en courant, quitte le Bar de l'Espoir, au coin de la rue, et rallie l'église.

Certains restent dehors, à défendre les entrées. Les autres tentent d'appliquer les plans mis au point. Se coller à un célibataire sans papiers, c'est la technique «du damier», un noir, un blanc. Protéger les dix grévistes de la faim, c'est la tâche d'Alain Krivine (LCR), du cancérologue Léon Schwartzenberg et du sénateur communiste Jack Ralite avec Médecins du monde. Ariane Mnouchkine, qui dort là depuis des jours, appelle au calme. Le curé, Henri Coindé, récite «J'ai fait un rêve» de Martin Luther King. Les cloches sonnent et Eve, du Théâtre du Soleil, chante. Bientôt, c'est un horrible vacarme : «Mon Dieu, c'est ça !» La petite porte est attaquée au merlin, la grande cède aussi. Il est 7 h 50, policiers et gendarmes quadrillent l'église. Pierre Ottavi, le directeur de la sécurité publique, assure dans son mégaphone : «Il n'y aura pas de violence, nous ne nous attaquerons pas aux familles ni aux grévistes, vous devez évacuer !» Des insultes fusent. Caméras et micros enregistrent. Les grévistes sont emportés sur des civières ; leurs protecteurs, sortis p