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Libération
Saint-Bernard 10 ans

Stéphane Hessel : «Sarkozy se trompe doublement»

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Et demain? Stéphane Hessel ambassadeur de France, ancien porte-parole du collège des médiateurs de Saint-Bernard.
publié le 23 août 2006 à 23h02

Il y a dix ans, nous étions face à un gouvernement qui affirmait sa rigueur au prétexte de ne pas créer le moindre appel d'air. Mais la brutalité de l'évacuation a provoqué l'indignation, et l'arrivée de la gauche au pouvoir a permis la régularisation de milliers de personnes. Cependant, le problème politique restait entier : les Français sont-ils capables de vivre avec une immigration, même clandestine, mais inscrite dans les déséquilibres économiques entre les anciennes colonies et l'ancienne métropole ? Cette immigration, elle aurait dû être gérée intelligemment, en régularisant périodiquement, au lieu de la voir comme un péril. Elle a été utile à la France. Au lieu de ça, en 2006, le ministre de l'Intérieur parle d'immigration choisie et affirme qu'il va renvoyer les clandestins. Son argumentation peut convaincre, mais il se trompe doublement. Sa première erreur est de croire ­ ou de faire croire ­ que l'on doit diminuer des flux qui sont une richesse. La seconde est de penser que l'on peut adopter des critères de régularisation qui laissent de côté 24 000 familles sur 30 000. Un choix détestable et arbitraire. On sait que seule une petite proportion de ceux qu'il prétend renvoyer le sera, et ne pensera qu'à revenir. Les autres se perdront dans la clandestinité. Quant à l'Europe, sa démographie vieillissante exige des apports extérieurs. Nous avons besoin d'une vraie politique d'accueil. Au contraire de celle qui prévaut aujourd'hui, peureuse et soucieuse d'identité mena