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Libération

Ségolène Royal, Acte II

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Aux antipodes d’une autocritique, «Ma plus belle histoire, c’est vous», constitue une autopromotion: l’héroïne en ressort plus expérimentée,marquée de cicatricesmais sûre de son ascendant.
par Alain DUHAMEL
publié le 25 août 2006 à 7h00

Dans la bataille pour l'investiture présidentielle PS, Ségolène Royal a remporté la première manche. Elle l'a fait haut la main, démentant les sceptiques – chroniqueurs chevronnés inclus –, imposant une stratégie radicalement inédite. L'impératrice des sondages a conquis le statut de favorite en se servant de son impressionnante popularité auprès des Français comme d'un levier pour forcer le PS à admettre sa légitimité. Pour la première fois, une personnalité politique semble capable d'arracher l'adhésion des militants, non pas en prenant le contrôle de l'appareil, non pas en affichant le charisme, l'envergure et l'expérience de l'homme d'Etat, mais en surfant sur une vague irrésistible de l'opinion qui emporte sur son passage tous les barrages traditionnels, toutes les écluses verrouillées, tous les clivages enracinés. Ségolène Royal, la personnalité politique la plus appréciée des Français, domine largement au sein de l'électorat de gauche, culmine chez les électeurs socialistes. Elle vient en dix mois de remporter une campagne présidentielle à l'américaine. Il lui reste trois mois pour gagner maintenant à l'intérieur du PS une campagne présidentielle à la française.

 Dans l'ascension météorique de la présidente de la région Poitou-Charentes, la véritable nouveauté ne tient en effet pas à sa popularité elle-même, mais à la façon dont elle a su, comme cela se pratique outre-Atlantique, en faire un bélier présidentiel (le cas de Rocard en 1980 n'est pas comparable,