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Interview

«Ségolène Royal incarne une forme de virginité partisane»

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publié le 16 septembre 2006 à 23h19

Professeur de sciences politiques à l'université Lille-II, Frédéric Sawicki a consacré l'essentiel de ses recherches au Parti socialiste (1). Il met en évidence la difficulté du parti à renouveler ses cadres et ses orientations politiques, et replace dans ce contexte le «phénomène Ségolène».

Quelle dynamique interne rend possible l'ascension de Ségolène Royal face aux éléphants ?

La grande innovation, c'est que, pour la première fois, quelqu'un qui n'a jamais occupé de fonction importante au sein du parti est en passe de l'emporter. Les ralliements à Ségolène Royal sont le fruit d'un blocage des postes et d'une crise générationnelle du PS. A l'intérieur du parti, l'accès aux responsabilités, en particulier aux fonctions électives, est monopolisé par des gens rentrés au parti avant 1981. La seule réponse apportée à cette situation a été la parité, qui n'a d'ailleurs pas vraiment entraîné un renouvellement du personnel politique : les femmes ne constituent aujourd'hui qu'un quart des parlementaires socialistes... Se rallient donc à Ségolène Royal des gens écartés des postes à responsabilités dans les ministères sous Jospin, à la tête du parti ou dans les grandes villes. Ils ont envie qu'on donne sa chance à une autre génération.

Comment analyser la spectaculaire influence des sondages dans le processus de désignation ?

Le fait que les dirigeants socialistes regardent les sondages pour se déterminer n'est pas neuf. En 1995, Lionel Jospin, opposé à Henri Emmanuelli, avait mis en ava