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Libération
Interview

«La nation en armes y portait un message universel de liberté»

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publié le 20 septembre 2006 à 23h22

Jean-Clément Martin dirige les travaux de l'Institut d'histoire de la révolution française et enseigne à Paris-I. Il vient de publier Violence et révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national (Seuil).

Pourquoi la bataille de Valmy est-elle érigée en symbole de la république ?

Le moulin de Valmy est indiscutablement un des symboles les plus marquants de la conscience nationale. Il traduit l'unanimité de la nation qui s'était manifestée en 1789. Après les massacres de 1792 et les divisions religieuses, on retrouve ce sentiment d'enthousiasme sans doute pour la dernière fois dans la Révolution. D'ailleurs, pour le bicentenaire, la France a uniquement célébré 1789 et Valmy.

C'est un symbole de droite ou de gauche ?

Plutôt de gauche. La nation va s'identifier à la république, une république en armes. Cela va durer jusqu'à l'affaire Dreyfus. La nation en armes présente à Valmy, cette collectivité unanime, porte un message universel de liberté, de libération des peuples. Cette dimension nationale n'est absolument pas celle de l'Ancien Régime.

N'a-t-on pas un peu magnifié la portée de Valmy ?

Pas totalement. Valmy a été une vraie bataille avec une canonnade qui a duré des heures et où les volontaires parisiens ont montré leur vaillance. Elle a été exaltée à la fin de la IIIe République qui se fonde alors sur l'armée et les hussards noirs, c'est-à-dire les instituteurs. Des valeurs combattues alors par l'extrême gauche et la droite radicale. Après la Seconde Guerre mondiale