Il s'affichait comme «socialiste» et chacun savait que sa réalité était «sociale-démocrate». Aujourd'hui le PS n'est-il plus seulement que «démocrate», à la mode américaine ? On assiste à une profonde évolution de la nature du parti, et celle-ci ne tient pas seulement à l'organisation de «primaires» internes ou l'évocation de quelque «ticket». Cela fait belle lurette que les socialistes intègrent les sondages ou les médias dans les stratégies politiques. Cependant, si l'on observe ce parti de l'intérieur, il semble que les dernières digues menacent de sauter.
Il y a vingt ans, les sondages étaient utiles pour mesurer l'impact de telle ou telle lecture de la société, qu'incarnaient Rocard, Mitterrand ou Chevènement, car la démocratie était appréhendée comme une série d'interactions subtiles entre le leadership et le consensus. Aujourd'hui, le PS ne se comporte pas encore comme le Parti démocrate américain, qui ne fait ses choix politiques qu'en les subordonnant à une sorte d'acceptation préalable de la décision par l'opinion publique, mais la tentation pointe.
Les médias exercent par ailleurs une influence croissante sur le parti. Longtemps caisses de résonance de débats internes, spectateurs narquois de l'irrationnel politique, ils tentent maintenant de s'imposer comme les metteurs en scène. Ils veulent choisir les acteurs. Ils cherchent à imposer des scénarios. Ils trient les répliques et proposent même d'organiser la tournée en offrant leurs plateaux et leurs studios. Il y a