Douze ans après son arrivée à l'Elysée, l'homme qui avait triomphé dans les urnes sur le thème de la «fracture sociale» tente de boucler la boucle. Certes, on est loin des envolées et des promesses évanouies du Chirac gauchisé de 1995. Mais hier devant le Conseil économique et social (CES), c'est pourtant bien à «une véritable révolution des esprits» que le chef de l'Etat en a appelé pour moderniser le dialogue social.
«Table rase». Bientôt à l'heure du bilan, il semble courir depuis le début de la rentrée après le temps perdu. Plus modeste, le Chirac 2006 qui s'est englué voilà six mois dans la crise du CPE entend «sortir de la logique du conflit» pour entrer dans l'ère «de la négociation, du compromis, de la responsabilité». Pour y parvenir, il propose une mesure phare qui prévoit d'associer systématiquement patronat et syndicats avant toute réforme touchant au droit du travail. A l'entendre, «aucun projet de loi ne sera présenté au Parlement sans que les partenaires sociaux soient consultés sur son contenu». Mais le «dernier mot» restera aux élus de la nation, comme le souhaitent d'ailleurs les syndicats. A terme, son objectif est d'en finir «avec les logiques de table rase, les à-coups systématiques dans les politiques» lors des alternances.
Souvent taxé, à gauche comme à droite, de pratiquer l'immobilisme social, Jacques Chirac a tout autant tancé hier l'Etat, les syndicats et le patronat pour leur incapacité à sortir de l