Spécialiste des médias, enseignant à Sciences-Po et aujourd'hui consultant, Jean-Louis Missika a écrit au printemps dernier un petit essai intitulé la Fin de la télévision (la République des idées/le Seuil). Il livre ses réflexions sur l'évolution du paysage audiovisuel à l'ère des réseaux.
Comment analysez-vous le rachat de YouTube par Google ?
C'est un symptôme supplémentaire de la montée en puissance de l'Internet et des contenus autoproduits par les internautes dans l'audiovisuel. Il y a là comme un changement d'ère, un passage de témoin, le signe que des nouveaux médias comme Google sont en train de prendre le pouvoir dans un monde de l'image qui change radicalement avec l'émergence de nouveaux modes de consommation audiovisuels.
La télé de papa est-elle morte ?
Non, mais elle est très fatiguée. Les nouvelles générations vont s'habituer très vite à consommer des programmes audiovisuels sur le Web ou en situation de mobilité, à la demande. C'est un mode de consultation personnalisé et instantané, très différent de la manière dont les diffuseurs de télévision ont conçu la programmation jusqu'à aujourd'hui. Je ne dirais pas que les télés sont condamnées, mais elles vont devoir s'habituer très vite à ces nouveaux modes de consommation décalés.
Pourquoi n'est-ce pas un groupe de télévision qui a mis la main sur YouTube ?
D'abord, je crois qu'aucun groupe de télévision n'avait les moyens d'aligner 1,65 milliard de dollars sur la table, ce qui représente tout de même trois fois le prix qu'un Murdoch a payé pour le réseau social MySpace il y a un peu plus d'un an. En dehors d'un effet bulle évident, Google dispose aujourd'hui d'une cap