Un an après les émeutes urbaines, François Bayrou, chef de file de l'UDF, veut réimplanter l'Etat au coeur des cités. Entretien.
La situation dans les banlieues a-t-elle évolué depuis l'automne 2005 ?
Rien n'a changé. Demandez aux maires ! La situation économique, sociale et culturelle dans les quartiers est la même qu'en 2002. Ce n'est pas anormal vu l'effort à fournir. Et ce n'est pas non plus uniquement de la faute du pouvoir en place. Depuis trente ans, tous les gouvernements ont préféré casser le thermomètre.
Comment analysez-vous cette explosion de violence ?
On a essayé de nous faire croire que les émeutes urbaines étaient organisées, coordonnées. Les gouvernements croient toujours au complot. On sait que c'est faux, que, au contraire, il s'agit d'explosions erratiques, d'une propagation virale de la violence, d'une concurrence entre cités. Souvent, cette violence s'exerce au détriment même de ceux qui la commettent : on s'en prend à la maternelle du petit frère, au gymnase, au centre commercial, à la voiture des voisins. C'est intolérable, et, en même temps, c'est comme une automutilation.
Que proposez-vous ?
Cela commence par l'Etat, omniprésent là où ça va bien : dans le VIIe arrondissement à Paris, vous croiserez profusion d'uniformes, de gyrophares, de drapeaux... Mais l'Etat est absent là où ça va mal, dans les banlieues sensibles et dans les zones rurales en difficulté. Pour les populations des cités, l'Etat est ce qui vient de l'extérieur, en position d'intrusion ou