Le procès en archaïsme, passéisme, ringardise est un grand classique du débat socialiste. Il permet de stigmatiser à bon compte les propositions de son interlocuteur, tout en s'octroyant à soi-même le label de la modernité.
Michel Rocard avait instruit un tel procès contre François Mitterrand, en 1978, Tony Blair contre Lionel Jospin en 1998. Aujourd'hui, Laurent Fabius succède à ces illustres prédécesseurs au banc des accusés. Si l'on en croit les gazettes, Ségolène Royal incarnerait le socialisme de l'avenir, Dominique Strauss-Kahn le socialisme du présent, Laurent Fabius celui du passé.
Mais selon quels critères ?
Si le modernisme consiste à toujours plus déréguler, déréglementer, privatiser les services publics et la protection sociale, "flexibiliser" (en réalité, précariser), le marché du travail, élargir sans cesse l'Union européenne sans harmoniser ses lois sociales et sa fiscalité, alors oui, Laurent Fabius s'oppose à cette modernité-là. Car il s'agit d'une modernité libérale qui entraîne la régression sociale et démocratique de notre pays.
En réalité, on le sait bien, il y a plusieurs modernités possibles. Celle qu'a mise en œuvre Margaret Thatcher différait de celle qu'à entreprise François Mitterrand. La modernisation libérale que préconise Nicolas Sarkozy s'oppose en tous points à la modernisation socialiste que propose Laurent Fabius.
Face à un capitalisme mondialisé et dominé par la finance, ce qui est moderne, dans une optique sociali
Vous avez dit moderne?
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par Henri Weber, député européen
publié le 13 novembre 2006 à 7h00
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