On a connu le ministre d'Etat plus enflammé. Hier après-midi, c'est un Sarkozy quelque peu scolaire, qui a présenté aux députés son sixième projet de loi en matière de lutte contre l'insécurité. Ce texte consacré à la prévention de la délinquance, au destin chaotique depuis sa naissance en 2003, rencontre toujours beaucoup de résistance dans les rangs de l'opposition mais aussi dans ceux de la majorité. Tout à son obsession élyséenne, le patron de l'UMP plie mais ne rompt pas. Pour cause, avec ce projet de loi, il s'approprie une thématique dont l'extrême droite a fait son fonds de commerce : «Il faut mettre des bornes à la violence, a justifié Sarkozy à la tribune de l'Assemblée nationale. Sinon, les extrêmes se saisiront de cela pour proposer des solutions au peuple excédé qui ne sont pas celles de la République.»
«Pas mûrs». Le ministre de l'Intérieur s'est attardé sur plusieurs faits divers (bus incendié à Marseille, séquestration et mort d'Ilan Halimi...) dans le but de justifier le durcissement des sanctions contre les mineurs : «Si on excuse la sauvagerie aujourd'hui, il faut s'attendre à la barbarie demain», a-t-il à nouveau martelé. Et pourtant, Sarkozy a dû rogner sur son affichage sécuritaire. Ainsi, le garde des Sceaux, Pascal Clément, et le Premier ministre, Dominique de Villepin, se sont opposés à deux mesures phares du ministre d'Etat : l'instauration de peines plancher pour les mineurs récidivistes et la suppression de l'excuse de minorit