Les maires balancent. Le projet de loi Sarkozy sur la prévention de la délinquance les rend méfiants. Parfois au bord des larmes, comme Jean-Claude Ducarre qui tient la barre de Melay, une commune de 600 habitants en Saône-et-Loire. Chez lui, les incivilités se «multiplient». Il vient d'être personnellement victime d'une agression, il est «en plein désarroi». D'autant qu'il ne peut rien faire. Il a déjà saisi le procureur, sans résultat. «Quand j'appelle la gendarmerie de secteur, ils me font répéter cinq fois le nom de ma commune. Rien ne se passe.» Ce qu'il attend du projet de loi sur la prévention de la délinquance ? «Déjà qu'on mette en application ce qui existe.»
Vrai raison. Beaucoup d'édiles ont martelé cette antienne dans les couloirs du congrès des maires de France jusqu'à aujourd'hui à Paris puis lors d'un débat hier matin. Ils ont rapproché le projet de loi de leur quotidien d'élus. Le maire des Abymes, en Guadeloupe (10 000 habitants) parle de la pluie qui tombe dans son commissariat. Celui de Prades, près de Perpignan, peste contre les délais d'intervention de la gendarmerie de «trois quarts d'heure». Il s'étend sur le cas d'«un Zorro qui échappe à toutes les décisions de justice» et fanfaronne sur son impunité auprès des autres adolescents. «Tous les maires ont besoin de concret : une réponse de la gendarmerie, une réponse de la justice. Je ne vois pas d'utilité à cette loi», dit-il. Christophe Rouillon, mair