Matignon se garde de séparer le bon syndicat de l'ivraie. Hier, Dominique de Villepin a demandé à Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher (ministres de la Cohésion sociale et de l'Emploi) de plancher sur «un avant-projet de loi sur la modification des règles de la représentativité». Toutefois, le chef du gouvernement n'a fixé aucun calendrier. Façon diplomatique d'éconduire la CGT et la CFDT qui militaient pour que la question soit abordée dès hier dans le cadre de l'examen du projet de loi sur la modernisation du dialogue social à l'Assemblée nationale. Les prétentions des deux centrales syndicales sont pourtant de bon sens : lier la réprésentativité syndicale à des élections professionnelles généralisées à tous les salariés.
Jésuitisme. Le gouvernement a flairé le champ de tourbe. Actuellement, la représentativité syndicale est régie par un arrêté de 1966 qui accorde à cinq organisations CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC une présomption «irréfragable» (incontestable) de représentativité. En d'autres termes, quelle que soit leur audience réelle parmi les salariés, ces cinq syndicats sont habilités à participer aux négociations interprofessionnelles. Une situation dont s'est ému le Conseil économique et social. Hier, Jacques Dermagne, son président, a officiellement remis au Premier ministre une proposition visant à ce que le poids des syndicats reflète mieux les choix exprimés par les salariés lors de consultations électorales. CFDT et CGT poursuivent le même obj