Charleville-Mézières envoyée spéciale
Qu'ils se le tiennent pour dit : la gauche et Ségolène Royal n'ont pas le monopole du coeur et de l'attention aux classes populaires. Nicolas Sarkozy a tenté de le montrer hier soir à Charleville-Mézières (Ardennes) : lui aussi sait s'adresser à «la France qui souffre». Au risque d'enfourcher des options politiques qu'on lui supposait pourtant peu familières. Ainsi, ce grand libéral n'a pas hésité à se faire le héraut d'un certain protectionnisme européen doublé du retour d'une politique monétaire au profit de l'industrie et de l'emploi français. Comme une réplique à la candidate socialiste, qui avait appelé de ses voeux la semaine passée à ce même retour d'un contrôle étatique sur la Banque centrale européenne (BCE).
Et le voilà fustigeant la BCE : «Il n'y a pas un pays au monde où la Banque centrale ne dialogue pas avec le gouvernement, a-t-il lancé hier dans le parc des expositions de Charleville, comble. L'indépendance est une chose, le refus du dialogue en est une autre.» L'interventionnisme économique, le ministre-candidat ne compte pas le limiter à la parité de l'euro : il promet un retour de la politique industrielle. Place, dans le discours au moins, aux «usines» et aux «ouvriers qui ont un métier dans les mains».
«Dignité». L'auditoire attend ça : il y a un mois, une grande manifestation avait réuni les salariés de l'industrie, menacés par des fermetures et des délocalisations en chaîne, dans le