A 78 ans, Jean-Marie Le Pen aurait décidé de commencer une carrière de démocrate. L'antienne est distillée par son entourage, à commencer par sa fille Marine, soucieuse, depuis 2002, de «déringardiser» le Front national pour le rendre plus fréquentable. C'est que, des deux tours de la dernière élection présidentielle, c'est le second qui a le plus marqué les lepénistes. Les centaines de milliers de manifestants et le raz de marée anti-Le Pen de 82 % des électeurs les a traumatisés. Leur chef est ressorti de cette joute plus pestiféré que jamais. Raison pour laquelle, engagé dans sa cinquième campagne élyséenne, il tente de s'acheter une conduite pour rassurer.
Cette quête de banalisation n'est pas nouvelle : en 1998, Bruno Mégret rêvait déjà de faire du FN un «parti de gouvernement» doté d'alliés. L'année suivante, Samuel Maréchal vantait les mérites d'une «France multiculturelle». Mais, comme le rappelle Nonna Mayer, chercheuse au Cevipof, «à chaque fois, le FN est retombé du même côté, c'est la logique du parti antisystème qui l'a emporté». Et Le Pen a rechuté. En janvier 2005, il expliquait dans Rivarol que «l'occupation allemande n'avait pas été si inhumaine que cela».
Patelin. Pour l'heure, d'un discours dit «républicain» à Valmy à l'enrôlement d'une beurette sur ses affiches, Le Pen se fait patelin. Dernière concession en date : il ne réclame plus l'abrogation immédiate de la loi sur l'IVG et consent