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Interview

Jean-Yves Camus «Une volonté de transgression très forte»

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Extrême-Droite Jean-Yves Camus, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques :
publié le 20 décembre 2006 à 0h34

Chercheur associé à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), Jean-Yves Camus analyse ce qui rapproche le Front national du fantaisiste Dieudonné (1).

L'antisémitisme est-il l'ultime point de rencontre de l'extrême droite française ?

Il reste au coeur de l'idéologie de l'extrême droite radicale, celle qu'on appelle l'extrême droite extraparlementaire. Au Front national, c'est plus compliqué. Depuis les dérapages de Jean-Marie Le Pen sur le «point de détail» des chambres à gaz et son «Durafour crématoire», plus rien de la même veine n'est apparu dans ses discours : le prix à payer en termes d'image est trop fort. On observe des signes allant dans le sens inverse, comme la reconnaissance par Bruno Gollnisch (numéro 2 du FN) de l'existence de la Shoah et la volonté de Marine Le Pen de se rendre en Israël avec une délégation de parlementaires européens. C'est logique : l'antisémitisme n'a jamais été un élément majeur du vote FN, qui se fonde plutôt sur le refus de l'immigration et le rejet de la classe politique. Bien sûr, il demeure un fondement important pour certains cadres du parti, ceux qui sont les plus liés à l'histoire de l'extrême droite. Et Israël, comme les Juifs, ne sont vus positivement que lorsqu'ils s'opposent aux musulmans.

Comment expliquez-vous les convergences entre les amis de Le Pen et de Dieudonné ?

Ces deux mouvances peuvent se rejoindre sur l'antisionisme à travers les formulations ambiguës de Dieudonné, qui trouvent un écho dans l'encadrement du FN et parmi une minorité des gens issus de l'immigration, ou de couleur. Dieudonné opère un transfert : il plaque le passé colonial de l