«Je veux pouvoir dire que j'ai voté. Comme tout le monde.» Kamel est en prison, incarcéré au centre de détention de Loos, près de Lille. Il votera. S'il n'est pas privé de ses droits civiques, s'il s'inscrit avant samedi soir sur les listes électorales de la mairie et s'il trouve un habitant pour sa procuration.
Dans un box minuscule du rez-de-chaussée de la vieille prison, au pied des cellules, on rencontre Kamel, Eric, David, Yves et Aziz. Un peu avant Noël, ils racontaient pourquoi ils ont envie de voter. Danièle Mercier, une Loossoise membre de l'association Repousser les murs, animatrice bénévole d'une revue de presse en prison avec le Génépi (1), a inscrit Eric. Elle ira voter pour lui. Et sollicitera ses amis pour les autres. L'administration a fait apposer des affiches pour informer les détenus. Le Génépi et Repousser les murs les ont distribuées dans les cellules. Sur les 350 prisonniers de Loos, seuls une dizaine sont inscrits. «C'est un public plutôt désinséré, estime Arnaud Soleranski, le directeur de la prison. Cet acte citoyen ne leur semble pas prioritaire.»
«Loi du silence». Aziz, ancien grutier, et détenu contremaître dans une entreprise de la prison, est inscrit dans sa ville. Son frère vote pour lui. «On n'a pas beaucoup de droits, c'est le minimum qu'on nous laisse, il faut s'en servir.»«On ne peut pas critiquer les lois si on n'a pas voté», résume Eric, ancien commercial, détenu et bibliothécair