Auteur de Chirac dans le texte : la parole et l'impuissance (Stock) dans lequel il analyse les discours prononcés par Jacques Chirac depuis 1995, le philosophe Yves Michaud décrypte l'allocution présidentielle des voeux aux Français. Il y décèle des indices qui le confortent dans sa conviction : à 74 ans, Chirac s'apprêterait à se lancer dans une cinquième campagne présidentielle !
Cette intervention avait-elle, selon vous, un faux air de discours de campagne ?
La première chose qui me frappe, c'est que Jacques Chirac ne nous a pas donné l'impression que le pays est à la veille d'une élection décisive. Il se contente de deux brèves allusions, l'une au début «une année particulièrement importante pour l'avenir de notre pays» , l'autre en conclusion «au printemps prochain, vous aurez à faire des choix décisifs». Au total, c'est business as usual, du pur Chirac ! Il commence par s'occuper des malheureux «victimes de la solitude, de la maladie, de la détresse» , puis il pose un diagnostic sur les dérèglements du monde «qui n'a jamais été aussi riche et aussi pauvre à la fois». Enfin, Chirac finit par l'habituel appel au «rassemblement» autour de l'unité nationale et des valeurs républicaines.
Il n'y a guère que deux choses qui me déroutent un peu. D'abord le passage «j'aime passionnément la France». Ce terme «passionnément» ne fait pas partie de son vocabulaire habituel. Ensuite, la formule «faites vivre in