Le théâtre d'ombres de la chiraquie finissante donnait une représentation, hier matin, à la préfecture de Bobigny. A l'affiche, «une cérémonie des voeux aux fonctionnaires et agents de l'Etat». Et toujours dans les rôles-titres, Jacques Chirac en Président de la République à bout de souffle, Dominique de Villepin en Premier ministre prêt à casser la baraque et Nicolas Sarkozy en prétendant au bord du sacre.
«Armée napoléonienne». Dehors, une interminable file d'attente serpente autour du bâtiment. Tenu à distance derrière des barrières métalliques, ce public n'est pas celui du spectacle. Indifférent aux vedettes qui saluent dans des vapeurs de limousines, il est en quête de formulaires et de rendez-vous pour obtenir la nationalité française. Une brochette d'élus du 9-3 attend en rang d'oignon : Marie-George Buffet du PCF, Eric Raoult de l'UMP ou encore les sociétaires du PS, Elisabeth Guigou et Claude Bartolone.
Arrivé un peu en avance, Dominique de Villepin s'échauffe avec un petit numéro de dézingage bien rodé : «Gagner une présidentielle, ce n'est pas figer les positions par peur des autres. Se compter, s'additionner, c'est absurde, moyenâgeux. La politique, c'est l'art de faire face à la surprise. Il faut être mobile, divers. C'est comme une armée napoléonienne. Il faut une aile droite, une aile gauche, être capable de surprises avec des renforts, des troupes fraîches...» Débarque Nicolas Sarkozy, très agacé d'avoir essuyé quelques sifflets venus des fenêtre