Accueil avec trousse de secours d'urgence posée comme par
inadvertance sur un bureau de l'Assemblée nationale. Au revoir avec ration de survie, offerte façon «ne m'oubliez pas, ne sait quand reviendra». Dans l'entre-deux, un grand malade qui part traverser l'Atlantique en solitaire, mais aussi un vénérable très honoré qui, en guise de retraite secrète, se préfère en supplicié médiatisé, habillant ses stigmates d'un ciré. Dans l'entre-deux, Jean-François Deniau et ses 67 ans, ses 6 portefeuilles ministériels et ses 13 anesthésies générales, ses barouds humanitaires et ses dîners en ville, son fauteuil à l'Académie française et ses romans écrits à la lueur bleuâtre des veilleuses d'hôpital. Dans l'entre-deux, peut-être simplement un flambeur flambé qui veut choisir sa façon de «tourner le nez contre le mur» comme on le faisait dans les campagnes quand on avait décidé que ça suffisait.«Plus je vais mal, plus j'éprouve le besoin d'agir.» Le député UDF du Cher baisse le store pour filtrer le soleil d'automne, puis tasse dans un fauteuil sa longue silhouette emmitouflée. Aujourd'hui il parvient à s'asseoir sans trop de mal. Mais parfois ses os rechignent, de crainte de s'émietter plus encore. Le député-navigateur empoigne alors l'avant-bras du passant, y crochant avec les serres impérieuses du rapace accoutumé à déchiqueter la réalité. Bizarrement, ces aides qu'il sollicite en croyant les réquisitionner ne le clouent pas comme chouette énuclée aux portes du renoncement. Cette
Le vieil homme et la mer
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par Luc LE VAILLANT
publié le 24 janvier 2007 à 7h00
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