Menu
Libération
Série

«L'école peut jouer un rôle dans le retour à la mixité»

Article réservé aux abonnés
Guillaume Delmas enseigne l'histoire-géo en ZEP à La Courneuve.
par Véronique Soulé et Bruno CHAROY
publié le 6 février 2007 à 5h52

Professeur d'histoire-géographie à Jean-Vilar, un collège de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, Guillaume Delmas, 33 ans, affiche la couleur. Il est de gauche, milite au Snes, le principal syndicat du secondaire, siège aussi au conseil d'administration de l'établissement comme représentant des enseignants. Ce militantisme, explique-t-il, fait partie de son métier «particulier» : prof en ZEP. Dans son collège «ambition réussite», le label attribué aux établissements les plus défavorisés, la quasi-totalité des 700 élèves sont des Français issus de l'immigration, de familles modestes. «J'enseigne ma discipline. Mais côtoyer les discriminations me permet de mieux en parler. Et de les dénoncer.»

«Quand tu arrives mou et fatigué en classe, tu as toutes les chances d'être rapidement débordé. C'est pour cela que je ne ferai pas ça toute ma vie», confie-t-il. Il a toutefois une bouée : comme nombre de ses collègues, Guillaume rentre chaque jour à Paris, dans le XXe, où il vit. Loin des cités désespérantes de La Courneuve, il corrige ses copies, et se livre à sa passion, la lecture. En ce moment il relit Quel beau dimanche !, le témoignage sur Buchenwald de Jorge Semprún.

Malgré le désenchantement ambiant, Guillaume croit, ou veut croire, que la politique peut changer les choses. Mais la campagne électorale le désespère un peu. «Nicolas Sarkozy fait de la pêche aux voix des enseignants. Il nous dit : "Vous êtes formidables, on va vous augmenter et s'occup