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Libération

Les morts n'appartiennent plus qu'à ceux qui les citent

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publié le 7 février 2007 à 5h54

Au restaurant, le vieux couple célèbre sa «résurrection» en parlant de Nicolas Sarkozy. Ils ne sont pas les seuls, mais ils parlent plus fort que les autres, parce qu'ils sont un peu sourds. La «résurrection» concerne la maladie dont l'homme émerge. Il mâche lentement, sous ses lunettes noires, entre patience et gourmandise. Nicolas Sarkozy concerne l'une de leur petite-fille. Depuis les Etats-Unis, elle leur a dit son enthousiasme pour le candidat de l'UMP. «Moi, dit soudain la femme, j'ai honte de lui. C'est devenu un escroc.» «Il était doué, pourtant, quand il était jeune...», ajoute l'homme. «Oui, pourtant..., répète la femme. Il était doué.» L'un replie son langage sur l'autre, comme un drap, avant de s'endormir. «Tant mieux si elle est contente, dit la femme. Moi, je ne suis pas pour la vertu qui se termine dans le dégoût...»«...et l'amertume», poursuit l'homme. «Et l'amertume...», dit-elle. Ils mâchent quelques bouchées en silence. Savourer le repas, digérer Sarkozy. «Quand même, reprend-elle, j'ai lu dans une revue qu'il parle de Jaurès.»«Et de Blum !» ajoute l'homme. «Et de Blum...», soupire la femme. Cette fois, ils se taisent longtemps. «Ma France, c'est celle des travailleurs qui ont cru à la gauche de Jaurès et de Blum et qui ne se reconnaissent pas dans la gauche immobile qui ne respecte plus le travail.» Sarkozy, le 14 janvier, pendant son discours d'invest