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Nous écouter en train d'écouter

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par Peter Szendy
publié le 9 février 2007 à 5h57

«Pour agir juste, il faut écouter», déclare Ségolène Royal sur son site. «Oui, Nicolas Sarkozy sait écouter (avec l'aide des RG)», lit-on sur le blog Sarkostique. Ces deux phrases qui, comme tout slogan, cherchent à faire du «bruit médiatique», dans quel espace s'inscrivent-elles ? Que disent-elles du contexte qui les rend possibles et où elles tentent de faire sens, ou du moins sensation ? L'Unité de bruit médiatique (UBM), marque déposée par la société TNS, mesure la couverture par les médias d'un produit, d'un individu, d'un événement... Et TNS, qui s'occupe ainsi de média intelligence (mot anglais couramment utilisé pour le renseignement), a récemment donné Nicolas Sarkozy vainqueur en termes de «pression médiatique» : à ouïr les décibels de la politique plutôt que d'entendre sa teneur, Ségolène Royal serait loin derrière.

De fait, les journaux étrangers, qui ne disent presque rien de la phase «d'écoute» de la campagne socialiste, ont en revanche largement prêté l'oreille à ce que Der Spiegel nomme la «surveillance en France» : le Times parle de «querelle d'espionnage», le Corriere della Sera évoque «un Watergate à la française»... Fondée ou non, démentie, relancée, que dit-elle, cette rumeur qui circule à grand renfort d'UBM ? Les protestations scandalisées contre la mise sur écoute cachent mal un fantasme qui apparaît comme l'exact revers d'un désir : si nous voyons de la surveillance partout (et il y en a, certes,