Il était une fois l'exception française. Mais en ce début de campagne, la belle image d'Epinal du pays des grands débats citoyens est victime d'une dégradation. L'ombre de 2002 plane et fait des dégâts. Un malaise s'installe, comme si une menace plombait cette campagne bizarre, à travers ses discours sans consistance. On pense à d'autres pays européens, où la dégradation du politique a déjà donné ces fruits empoisonnés.
Le symptôme est dans les mots qu'utilise une bonne partie du monde politique, dans un théâtre d'ombres où on a la mauvaise impression que les spectateurs sont pris pour des imbéciles. Face à une société qui se délite, à la pauvreté qui s'accroît, à la précarité du travail, à la question européenne restée sans réponse, sur la scène politique, insultes et moqueries personnelles ont pris le dessus, jusqu'à maintenant, sur l'explication des projets et les oppositions d'idées. Autrefois, détruire l'adversaire en le rabaissant, avec un mauvais jeu de mots, était une démarche réservée à l'extrême droite. Aujourd'hui, ce petit jeu et les vulgarités qui vont avec a gagné à l'intérieur des partis républicains. Et Le Pen n'a même plus besoin de recourir à ces méthodes. On l'a vu, jeudi soir, sur France 2 : désormais, il peut dire en toute tranquillité que la préférence nationale est LA solution aux maux de la société française et presque personne ne sourcille. Nicolas Sarkozy a utilisé plusieurs fois le mot «respect» sur le plateau de TF1, lundi soir, mais de quoi pa