C'est peu dire qu'il est attendu. Ségolène Royal va prononcer le discours le plus important de sa campagne, dimanche, à la tribune de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Il sera lu, relu, disséqué par ses adversaires. C'est donc peu dire aussi qu'il aura été peaufiné par la candidate socialiste.
Le coup de téléphone a été passé à Benjamin Stora juste après un autre discours, celui d'investiture de Nicolas Sarkozy, le 14 janvier, avec ses invocations de Jaurès et de Blum. Au bout du fil, Ségolène Royal. La candidate, qui soupçonne le candidat de l'UMP de fomenter une captation de l'héritage intellectuel de la gauche, via un rapprochement avec plusieurs mandarins, dont Max Gallo, veut rencontrer l'historien, spécialiste de l'Algérie. Après plusieurs tête-à-tête, ce dernier lui fournit une contribution pour son meeting parisien de mardi. Surprise : «Je n'ai pas du tout reconnu mon style. Il y avait des idées, des citations. Mais 80 % du discours, je ne sais pas du tout d'où ça vient.» A l'inverse, un proche de Royal dit avoir «reçu beaucoup de SMS de gens qui m'ont félicité pour ce discours. Mais je n'ai absolument pas participé...»
Ainsi va la fabrication des discours de Ségolène Royal. A part la candidate et son premier cercle, personne ne sait qui est l'auteur de quoi. «Elle travaille comme Mitterrand, avec plusieurs cercles en compétition, à géométrie variable, explique un proche. Elle identifie des personnes ressources, demande une note ou des éléments. P