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Libération

Questions à Daniel Cohn-Bendit député Vert européen sur le ralliement de son ami André Glucksmann à Sarkozy.

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publié le 12 février 2007 à 6h00

Le choix de Glucksmann vous trouble-t-il ?

Je ne suis pas étonné. L'engagement d'André Glucksmann me paraît cohérent avec son évolution. Politiquement, il s'est assez souvent trompé. Ça ne change rien à notre relation. Je l'aime toujours. Mais je suis attristé. Car, s'il choisit Sarko, c'est parce qu'il le trouve plus atlantiste que Royal. Je comprends qu'on soit contre l'antiaméricanisme bête et méchant. Mais j'aurais préféré qu'il s'explique clairement sur l'échec en Irak, sur Guantanamo et sur l'action de la CIA en Europe. Le Sarko de Glucksmann, c'est celui qui, chez Bush, dénonce l'arrogance française.

Sarkozy a pourtant fait l'éloge de la position de Chirac sur l'Irak.

Comment André explique-t-il ce revirement ? C'est là que cela devient intéressant : il dit qu'il faut comprendre Sarkozy, qu'on est en période électorale. Ce serait de la Realpolitik : Sarkozy fait une fleur à Chirac, mais, au fond, il n'en pense rien. Pour un philosophe de la vérité, je trouve ça inacceptable. Si le Sarkozy prochiraquien ne le dérange pas outre mesure, c'est qu'il a l'intime conviction que, une fois élu, Sarkozy reviendra à ses positions antérieures.

Finkielkraut, lui, se désole de l'incompétence de Royal...

La compétence de Sarkozy, c'est de promettre tout et son contraire avec, à chaque fois, le même talent. Quand Sarkozy parle aux ouvriers, il dit qu'il les comprend, quand il parle aux patrons, qu'il les entend, quand il parle aux femmes, qu'il les admire, et aux enfants, qu'il les envie