Combien de détenus voteront dans quelques semaines ? «Très peu, mais plus que d'habitude», suppute-t-on au siège de l'administration pénitentiaire (AP) qui, stimulée par quelques associations, a lancé une campagne d'information à destination des détenus, en septembre. Lors des dernières élections, les européennes de 2004, seulement 500 d'entre eux avaient participé au scrutin. Deux ou trois par établissement. «Cette fois, nous nous sommes mobilisés pour qu'ils puissent exercer leurs droits», assure Julien Morel d'Arleux, chef de cabinet du directeur de l'AP.
Approximations. Première inconnue : le nombre de votants potentiels sur une population carcérale d'environ 58 000 personnes. Depuis 1994, la privation des droits civiques n'est plus automatique ; elle doit être prononcée comme peine complémentaire par le tribunal (le plus souvent pour des délits financiers comme les escroqueries ou abus de bien social). Mais aucune étude nationale n'ayant été menée sur le sujet à partir du casier judiciaire, on en est réduit aux approximations. Les étrangers (environ 10 000) et les mineurs (environ 700) sont exclus. Mais on peut imaginer qu'une large majorité des autres peuvent voter, en raison du nombre important de prévenus ou de condamnés à des courtes peines.
Malgré tout, il faut être sacrément motivé pour faire son devoir de citoyen depuis sa cellule. Ceux qui ont conservé une adresse et figurent sur la liste électorale de leur mairie doivent lancer une procédure de vote