Hier soir, à 17 heures, au siège du FN à Saint-Cloud, Jean-Marie Le Pen faisait face à un comité insolite. Rost, 30 ans, rappeur noir, affublé de son tee-shirt Cette France, c'est aussi la nôtre, et sa petite équipe de Banlieues Actives étaient venus le rencontrer pour lui poser dix questions qui permettraient aux jeunes des quartiers de se faire une idée de son programme.
Depuis le 21 avril 2006, le rappeur comme d'autres (JoeyStarr, Diam's...) après les émeutes de novembre 2005 appelle les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. Début mars, Banlieues Actives compte publier un «guide du votant», avec programme et interviews des présidentiables. Le comité a rencontré Corinne Lepage, Olivier Besancenot, Segolène Royal. Voit Nicolas Dupont-Aignan lundi, attend des réponses de Nicolas Sarkozy, Dominique Voynet, José Bové...
Le président du parti d'extrême droite, lui, s'est empressé de répondre à l'invitation. «On s'est quand même posé la question s'il fallait ou non le rencontrer», confie Rost à Libération. Finalement, lui et son équipe se sont motivés à coup de bonnes intentions : «C'est un présidentiable, on ne peut pas l'exclure. On combat les discriminations, ça aurait été malhonnête intellectuellement de la pratiquer à son encontre.» Pour se donner bonne conscience, ils ont voulu demander des explications à Le Pen sur «son parti fascisant», ses calembours, tel «Durafour crématoire»... A la sortie de l'entre