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Libération
Portrait

Frédéric Taddeï: sa nuit, son oeuvre

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publié le 16 février 2007 à 6h05

Il est en charge du supplément d'âme culturel à la télévision. Fonction pas évidente vu la voracité de l'engin pour l'émotivité pailletée et les cris de goret des très connus. Frédéric Taddeï anime une quotidienne sur France 3, Ce soir ou jamais, et ne se voyait pas forcément dans la place. Et c'est peut-être pour cela que ça marche, entre saveur, vivacité et pertinence, et au-delà de scores d'audience rikiki. Avant, Taddeï c'était surtout Paris Dernière, une traversée de la nuit, des rencontres en situation, des people, des inconnus, des fêtes, de la sexualité et surtout un regard-caméra, comme une anticipation de ce qui nous attend, la greffe obligée d'optiques en lieu et place de nos yeux morts. Cette émission insomniaque initiée par Thierry Ardisson lui correspondait parfaitement : décontraction amusée, empathie ricaneuse, amoralisme joyeux. L'étonnant, c'est que Taddeï s'en sorte aussi dans un rôle de maître d'une maison tenue voici longtemps par Laure Adler ou Michel Field. D'ailleurs, ses anciens protecteurs y croyaient peu. De Greef le décrivait «bon intervieweur et mauvais bateleur», et Ardisson disait un peu la même chose d'un laudatif : «Trop cultivé pour la télé.»

Il a pris dix ans de vacances.

Taddeï est à la fois un classique et un autodidacte. Il est assez âgé et assez bien né pour avoir fait ses humanités. Et il a su rompre avec les cursus attendus pour s'inventer ses références. De ses 20 ans à ses 30 ans, il n'a rien fait.