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Libération

Le rapport qui charge la recherche publique

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L'Inspection des finances veut tailler dans ses crédits sans s'interroger sur les responsabilités du privé.
publié le 16 février 2007 à 6h09

Si votre frère se comporte mal, punissez sa soeur. Cette recommandation ubuesque vient d'un rapport de l'Inspection des finances sur la valorisation de la recherche. Le frère, ce sont les entreprises. Déjà plus faible que dans d'autres pays développés, leur capacité à innover, créer des emplois et des services à partir des résultats de la recherche scientifique et technologique s'est encore affaiblie ces dernières années face aux concurrents. Pas assez de brevets, d'emplois, d'innovations, affirment les comparaisons avec les Etats-Unis, le Japon, les pays scandinaves. La soeur, c'est la recherche publique, jugée responsable de cette évolution. La solution ? Réduire encore ses crédits «libres». Et la contraindre à se diriger vers les sujets susceptibles de générer contrats avec le privé, brevets, innovations technologiques.

Ce rapport a été ainsi résumé en titre de une par le Monde en janvier : «En France, la recherche manque de performances, pas d'argent.» Son message : les chercheurs français sont mauvais, et c'est pour cela que la recherche n'est pas valorisée. Les auteurs n'ont manifestement pas vu que les indicateurs censés démontrer la première partie du raisonnement (taux de citation des articles scientifiques) sont supérieurs en France à ceux du Japon... où, c'est bien connu, la recherche n'est pas valorisée par l'industrie. L'heure serait donc à la concentration des crédits sur les «meilleurs», qui seraient, selon les inspecteurs des finances, meilleurs