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Un mot mal choisi suffit pour la disgrâce

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par Marc THIBODEAU
publié le 17 février 2007 à 6h10

Un ministre influent qui aspire à devenir chef de l'Etat est soupçonné d'avoir fait appel aux services de renseignements pour scruter la situation financière de son adversaire. L'accusation, qui a poussé certains correspondants entreprenants à évoquer le Watergate, semblait avoir, sur le papier, le potentiel pour déstabiliser la campagne de Nicolas Sarkozy.

Il aura pourtant suffi au ministre de l'Intérieur de dénoncer, avec superbe, les «calomnies» de ses adversaires pour s'extirper de la situation potentiellement embarrassante générée par les révélations du Canard enchaîné.

Une sortie de crise d'autant plus facile, au dire de l'hebdomadaire, que certains journalistes suivant le candidat présidentiel redoutaient d'aborder le sujet, comme s'il y avait là un affront impardonnable. Au Québec, un ministre confronté à de telles accusations serait talonné pendant des jours, voire des semaines, pourchassé de questions jusqu'à l'Assemblée nationale. Cette différence de traitement s'explique peut-être par une forme de «puritanisme» politique qui n'a pas cours dans l'Hexagone. Ou, plus gravement, par le cynisme qui semble trop souvent caractériser les rapports des citoyens français avec leurs élus.

En septembre, un riche vigneron s'était amusé de ma question sur le retour annoncé de l'ex-Premier ministre Alain Juppé à la tête de la mairie de Bordeaux, facilitée par la démission en bloc de conciliants conseillers municipaux. «Il y a longtemps que les Français ne se scanda