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Interview

«Elle traîne les boulets de la gauche»

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publié le 19 février 2007 à 6h11

Le philosophe Yves Michaud juge avec sévérité la campagne de Ségolène Royal, alors qu'il ne cache pas sa sympathie pour la candidate socialiste. Auteur d'un récent Précis de recomposition politique (éd. Flammarion), le directeur de l'Université de tous les savoirs a participé à la rédaction du discours de Villepinte du 11 février.

Quel regard portez-vous sur la campagne de Royal ?

J'ai deux inquiétudes, sur le fond et sur la forme. Sur le fond, le problème vient du fait que Ségolène Royal est l'otage de la gauche...

C'est-à-dire ?

Ses propositions en matière sociale sont convaincantes, mais il faut les inscrire dans le cadre d'un donnant donnant, d'un rapport entre les droits et les devoirs. Or, contrairement à ce qu'elle faisait lors de la campagne interne du PS et qui a été la cause de son succès, elle ne le fait plus. Parce qu'elle est l'otage du PS et de l'extrême gauche. Ainsi, elle parle d'augmenter les petites retraites, mais ne dit rien sur les régimes spéciaux [dans le secteur public, ndlr]. Elle assumait des propositions dérangeantes pour la gauche, aujourd'hui elle n'insiste plus sur les contraintes que cela implique. Voilà ce qui la plombe en la rejetant à gauche.

Elle devrait donc faire une campagne plus centriste ?

Une élection se gagne au centre, on le sait. Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy peut le dire et le faire, alors que Ségolène Royal ne peut ni n'ose le dire. Pourtant, c'est ce qu'elle faisait avec les signes envoyés durant la campagne interne. Déso